La dissolution d'une société n'est pas toujours volontaire. Elle est parfois la conséquence d'une décision du juge. On parle alors de dissolution « forcée » ou de dissolution judiciaire.
La dissolution peut être prononcée par un juge dans les cas suivants :
Dissolution pour « justes motifs »
La dissolution d'une société peut intervenir pour « justes motifs » à la demande d'un associé lorsque le fonctionnement de la société est paralysé. Il s'agit par exemple de l'inexécution de ses obligations par un associé ou de la mésentente entre associés qui paralyse le fonctionnement de la société.
C'est le juge qui apprécie au cas par cas si la situation constitue un « juste motif » de dissolution.
Lorsqu'un associé n'exécute pas ses obligations, le juge peut considérer qu'il s'agit d'un juste motif justifiant la dissolution judiciaire de la société :
L'associé travaille pour un concurrent.
L'associé effectue un prélèvement injustifié de fonds dans les comptes de la société.
L'associé ne notifie pas à la gérance sa décision de retrait, contrairement aux statuts, et reprend ses apports en nature.
La mésentente entre les associés doit conduire à la paralysie du fonctionnement de la société. Il doit s'agir d'un véritable blocage, c'est-à-dire de l'impossibilité d'adopter des décisions collectives.
Les raisons d'une mésentente entre associés sont variées. Il s’agit notamment des situations suivantes :
La rupture de la vie commune entre deux concubins ayant créé une SARL empêche toute prise de décision collective et la tenue des assemblées.
Les associés ne parviennent pas à obtenir la majorité nécessaire pour remplacer le conseil d'administration ayant démissionné depuis plusieurs années.
Les associés se sont constitués partie civile à l'encontre du gérant associé pour abus de confiance.
Le conflit entre 2 associés empêche l'adoption de délibérations pour lesquelles les statuts exigent l'unanimité.
C'est le juge qui apprécie au cas par cas si la situation constitue un « juste motif » de dissolution.
Tout associé quel que soit le nombre de parts ou d'actions qu'il détient dans la société peut alors demander la dissolution pour « justes motifs » au tribunal.
Le tribunal compétent dépend du type de la société :
L’associé doit s’adresser au tribunal de commerce du lieu du siège de la société.
Tribunal de commerce
L’associé doit s’adresser au tribunal judiciaire du lieu du siège de la société.
Tribunal judiciaire
À noter
L'associé qui est à l'origine de la mésentente peut demander la dissolution judiciaire mais son motif a un risque de ne pas être retenu par le tribunal comme étant un « juste motif ».
Dissolution en cas d’associé unique
Une société doit toujours avoir au moins 2 associés. Lorsqu'un associé possède toutes les parts sociales ou actions, il est l’associé unique de la société. C’est par exemple le cas lorsqu’un des 2 associés rachète toutes les parts sociales de l’autre associé.
Lorsque le nombre minimum d’associés n’est pas respecté, il faut régulariser la situation pour éviter une dissolution.
En effet, la réunion de toutes les parts sociales ou actions en une seule main n'entraîne pas la dissolution automatique de la société. L'associé unique a la possibilité de régulariser la situation dans un délai d'1 an. L’associé unique peut, par exemple, céder des parts sociales pour faire entrer un nouvel associé au capital social.
Si, à l’expiration d’un délai d’1 an, l’associé est toujours seul, tout intéressé (par exemple, un créancier) peut demander la dissolution auprès du tribunal du lieu du siège de la société. Le tribunal de commerce est compétent pour une société commerciale et le tribunal judiciaire pour une société civile.
Le tribunal peut alors accorder à la société un délai maximal de 6 mois pour régulariser sa situation.
À noter
La SARL et la SAS peuvent fonctionner avec un seul associé : la société à responsabilité limitée (SARL) devient une entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée
(EURL) et la société par action simplifiée (SAS) devient une société par actions simplifiée unipersonnelle (
SASU).
Dissolution en cas de jugement ordonnant la clôture de la liquidation judiciaire
Une société en difficultés financières peut demander l’ouverture d’une procédure collective. Lorsque le redressement judiciaire n'est pas possible (car la société est trop endettée), une procédure de liquidation judiciaire est ouverte par le tribunal.
Au moment du jugement de clôture de la liquidation judiciaire rendu par le tribunal, la société disparait. Elle est donc automatiquement dissoute.
Dissolution à la suite d'une sanction pénale
Lorsqu'une société est condamnée pour certaines infractions, la juridiction peut prononcer comme sanction la dissolution de la société.
Les infractions concernées sont notamment les suivantes :
La société commerciale est alors renvoyée devant le tribunal de commerce pour organiser sa liquidation. Lorsqu'il s'agit d'une société civile, c’est le tribunal judicaire qui est compétent.
Dissolution lorsque les capitaux propres sont inférieurs à la moitié du capital social
Si, en raison des pertes constatées dans les documents comptables, les capitaux propres deviennent inférieurs à la moitié du capital social, la société doit respecter une procédure spécifique.
Le dirigeant doit convoquer les associés dans un délai de 4 mois à compter de la date d’assemblée d’approbation des comptes. Ceux-ci vont décider de poursuivre l’activité de la société ou de la dissoudre. La décision prise est publiée dans un support d’annonces légales et déclarée sur le site du guichet des formalités des entreprises.
À savoir
Lorsque le dirigeant ne convoque pas les associés dans un délai de 4 mois à compter de la date d’assemblée d’approbation des comptes, tout intéressé (ex : un concurrent, un associé) peut demander au tribunal de commerce la dissolution de la société.
Lorsque les associés décident de poursuivre l’activité, ils disposent d’un délai de 2 ans pour reconstituer les fonds propres de la société (ce délai peut être augmenté de 2 ans supplémentaires). Si la reconstitution n’a pas lieu, tout intéressé (ex : un concurrent, un associé) peut demander au tribunal de commerce la dissolution de la société.
Lorsque les associés décident de dissoudrela société , ils doivent procéder aux formalités de dissolution et de liquidation de la société pour cesser l’activité. Ils nomment un liquidateur amiable chargé de liquider les biens de la société et d’organiser le paiement des créanciers. Ensuite, le liquidateur établit les comptes définitifs de liquidation, clôture la liquidation puis effectue la formalité de radiation.
Pour en savoir plus sur la procédure, vous pouvez vous reporter à la fiche sur la perte de la moitié des capitaux propres.